La brucellose : une zoonose toujours d’actualité - 18/06/23
Résumé |
La brucellose humaine est une zoonose à répartition mondiale. Elle sévit à l’état endémique dans le pourtour méditerranéen. En Tunisie, elle pose un problème de santé publique vu le polymorphisme clinique et l’évolution insidieuse. Il existe 3 formes aiguë, focalisée et chronique. Dans un service de médecine interne, la brucellose reste un diagnostic à évoquer, en particulier devant des signes généraux et/ou des plaintes ostéoarticulaires.
Le but de cette étude est de déterminer les particularités épidémio-cliniques, thérapeutiques et évolutives de la brucellose.
Étude rétrospective réalisée dans le service de médecine interne du CHU Hédi Chaker de Sfax. Nous avons colligé 15 patients ayant une brucellose évolutive durant la période (1996–2022).
Il s’agissait de 15 patients âgés en moyenne de 51,5 ans (extrêmes 20–70 ans). Il existait une prédominance masculine avec 10 hommes et 5 femmes. Le sex-ratio (H/F) était de 2. Les patients avaient une origine rurale dans 14 cas. Il s’agissait d’agriculteurs dans 6 cas. Le contact avec les animaux (ovins et bovins) était noté chez 6 patients. La consommation de lait cru était retrouvée par l’interrogatoire dans 12 cas. Il y avait 5 formes aiguës de brucellose et 10 formes focalisées. Les principaux signes cliniques de la brucellose aiguë étaient la fièvre dans les 5 cas, l’asthénie et les sueurs nocturnes dans 4 et 3 cas respectivement. Concernant la brucellose focalisée, elle était répartie en 9 cas de localisations ostéoarticulaires et un seul cas de myocardite. La spondylodiscite était la localisation ostéoarticulaire les plus fréquente, objectivée dans 5 cas. Une sacroiliite isolée était notée dans 3 cas et un tableau d’oligoarthrite touchant le genou et la cheville gauches était retrouvé dans le dernier cas. Des adénopathies inguinales étaient diagnostiquées chez un seul patient. Sur le plan biologique, il y avait un syndrome inflammatoire biologique dans 11 cas, une anémie dans 6 cas, une leucopénie dans 2 cas, une cytolyse modérée dans 4 cas et une cholestase anictérique dans 2 cas. Le diagnostic de la brucellose était confirmé par une sérologie de Wright positive chez 14 patients. L’isolement des brucella était obtenu dans 3 cas, après culture du liquide articulaire chez le patient ayant l’oligoarthrite et par des hémocultures dans 2 cas (une forme aiguë de la maladie et chez le patient présentant la myocardite). Les examens complémentaires réalisés dans le cadre de recherche de signes de focalisations étaient une échographie abdominale dans 7 cas, révélant une splénomégalie dans 1 cas et une hépatomégalie homogène dans un autre cas, une échographie cardiaque faite chez 3 patients. Une IRM cardiaque était réalisée pour confirmer la myocardite brucellienne. Un scanner du rachis était fait dans 4 cas et une IRM rachidienne dans 5 cas montrant une spondylodiscite dans 5 cas. L’IRM articulaire, réalisée dans un seul cas, montrait un épanchement intra-articulaire de moyenne abondance au niveau du genou et de la cheville, avec une infiltration des parties molles. Elle objectivait des anomalies du signal (hypo T1, hyper T2) au niveau de l’os sous chondral de la patella, des condyles fémoraux, du calcanéum, du talus et des os du tarse antérieur ainsi qu’une ténosynovite des tendons long et court fibulaire. Le traitement était médical par une association de la rifampicine et de la cycline dans tous les cas. La durée totale du traitement de la brucellose était de 54 jours en moyenne (45–90 jours) pour la forme aiguë, de 5,9 mois en moyenne (53 jours–10 mois) pour les spondylodiscites, 10 mois pour l’atteinte oligo-articulaire périphérique, 4 mois (entre 2 et 6 mois) pour les sacroiliites et 3 mois pour la myocardite. Dans notre étude, l’évolution était favorable chez tous les patients. Des séquelles articulaires étaient notées chez 2 patients.
En Tunisie, le mode de transmission de la brucellose à l’homme est essentiellement par voie digestive et la forme focalisée ostéoarticulaire est prédominante. Une évolution favorable dépend essentiellement de la précocité du diagnostic et de la prise en charge thérapeutique. D’où l’intérêt de renforcer le programme de lutte contre cette zoonose, et ceci par la maîtrise de l’infection animale.
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Vol 44 - N° S1
P. A219 - juin 2023 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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